Dans l'intérêt supérieur de l'enfant*

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Prendre soin du parent pour prendre soin de l’enfant

Il y a quelques années seulement, un nourrisson était considéré comme en bonne santé lorsqu'il recevait des soins corporels tels que manger, dormir et rester propre...

 

À cette époque, il était impensable de considérer sa capacité à ressentir des émotions : déprimer, ressentir ou même penser. La question des soins psychologiques ne se posait pas, et peut-être qu'en face de la dépendance et de la fragilité du bébé, il était plus confortable de penser ainsi.

Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste, avance qu’« un enfant seul ça n’existe pas »[1]. Son intention était de souligner qu’un bébé ne peut exister sans sa mère. Il pointait l’importance de la relation entre le bébé et son environnement direct et le fait que pour assurer le bien-être psychique du bébé, il était crucial de considérer sa relation avec sa mère comme fondamentale.

 

Alors même que « le maintien du lien entre parent et enfant constitue un facteur de stabilisation et de lutte contre la récidive »[2], en milieu carcéral, le lien mère-enfant se construit dans un environnement peu courant où la maternité et la parentalité sont mises à mal par les conditions de détention de la mère. Il existe de nombreuses études et recherches qui soulignent que la mère incarcérée est fragilisée par son isolement social, sanitaire, son manque de ressources éducatives sur des questionnements sur son rôle de parent, etc.

 

Ces mêmes recherches nous indiquent que « Les difficultés de la mère peuvent entraver sa capacité à interagir avec son enfant de manière ajustée, perturbant précocement la relation mère/enfant […] avec par extension un impact négatif sur le développement de l’enfant, que ce soit au niveau social, émotionnel, ou cognitif ou plus tard dans le parcours de vie » [3].

On peut alors s’interroger sur l’environnement qui entoure l’enfant durant ses premières années de vie et sur l’impact que celui-ci aura sur son développement global.

 

Ainsi, au sein de l’association Grandir Ensemble en milieu carcéral, nous avons élargi notre regard sur la parentalité en général. Car oui, depuis de nombreuses années on reconnaît (enfin ?) la place du père comme toute aussi importante pour le développement harmonieux global de l’enfant.

 

Alors, se sont imposés à nous plusieurs constats incontournables :

  • Tout parent a le droit d’être accompagné dans son rôle de parent quelles que soient ses conditions de vie.
  • Toute mère incarcérée, gardant à ses côtés son enfant, a le droit à un accompagnement ajusté durant sa maternité et tout au long de sa parentalité, bien qu’elle soit en milieu carcéral.

 

Dans ce sens, l’association désire accompagner la mère et son enfant en nurserie (lieu dans lequel la mère est détenue et garde son enfant avec elle jusqu’à ses 18 mois), accompagner les pères et mères incarcérés sans leurs enfants ; faire vivre le lien lorsque parents et enfants sont séparés, dans l’optique d’une réinsertion sociale et familiale « La nécessité de soutenir une continuité des liens et du prendre soin, entre l’enfant et toutes les personnes concernées par son devenir. »[4].

 

Il nous paraît tout aussi important d’accompagner et former le personnel pénitentiaire qui est à leurs côtés, leur donner les outils de compréhension du lien parent-enfant et du développement de l’enfant pour homogénéiser les pratiques et éclairer leur positionnement.

 

De ce fait, soutenir la parentalité, accompagner le personnel pénitentiaire, nous paraît primordial pour permettre au lien parent-enfant d’exister dans les meilleures conditions possibles et d’assurer à l’enfant une construction d’estime de soi solide sur laquelle s’appuyer plus tard.

 

* Notion de droit international privé introduite en 1989 par la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.


[1] « La mère suffisamment bonne », D. Winnicott, Payot, 2014, 192 p.

[2] « Parentalité en détention : un combat au quotidien » in. ASH n°2582, 30/05/2014

[3] « Dépression post-partum maternelle et développement de l'enfant » in PUF « La psychiatrie de l’enfant » Vol.54, 2011

[4] « Comment prendre soin d’un enfant dans ce contexte de pénurie ? », Liliane Irzenski in. Revue de l'enfance et de l'adolescence 2014/2 (n° 90), pages 53 à 62, Érès

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